Certains textes bibliques donnent l’impression que Dieu fait prospérer le juste en le comblant de biens matériels (Ps 112.1-3). Il est vrai que les bénéfices du travail et d’une saine gestion sont mentionnés, pour un individu ou pour une nation, et que Dieu promet de bénir ceux qui observent ses commandements (Dt 28.1-14). Mais le peuple d’Israël comprenait pourtant de nombreux pauvres, à toutes les étapes de son histoire. Cette pauvreté pouvait avoir pour origine des catastrophes naturelles, causes de mauvaises récoltes, des invasions ennemies, l’oppression de puissants voisins ou l’endettement et les prêts à taux exorbitants.
Les membres les plus fortunés de la communauté avaient obligation de venir en aide aux plus pauvres de leurs frères (Dt 15.1-11). Ceux qui étaient les plus susceptibles de souffrir de la misère étaient les orphelins et les veuves, ainsi que les étrangers sans terre (gērîm). Fréquemment victimes de l’oppression (Jr 7.6; Am 2.6-7a), ils pouvaient compter sur Yahvé qui leur rendrait justice (Dt 10.17-19; Ps 68.6-7). La Loi exigeait qu’on tienne compte de leur présence (Dt 24.19-22), de même que des lévites (Dt 14.28-29) qui ne possédaient pas de terre. Un homme pouvait se vendre comme esclave mais en tant qu’Hébreu, il devait être traité différemment de l’étranger (Lv 25.39-46).
Ceux qui s’attachent à la lettre de la Loi, et négligent son esprit, font l’aumône par orgueil, pour être vus (Matthieu 6.1-2). De nombreuses promesses de grâce et de protection concernent les Israélites pieux, mais pauvres (1 Samuel 2.8 ; Job 5.15 ; 34.28 ; 36.15 ; Psaumes 9.19 ; 10.14 ; 12.6 ; 34.7 ; 35.10). Celui qui a pitié de l’indigent est l’objet des bénédictions divines (Psaumes 41.2 ; Proverbes 14.21, 31 ; 29.7). Au cours de son ministère, Jésus témoigne beaucoup d’amour aux pauvres (Matthieu 19.21 ; Luc 18.22 ; Jean 13.29, etc.) c’est à eux, particulièrement, qu’il adresse la Bonne Nouvelle (Matthieu 11.5 ; Luc 14.21-23). L’Eglise primitive regarde comme l’un de ses devoirs les plus sacrés celui de secourir ses membres dénués de ressources, et d’aider aussi, dans la mesure du possible, les pauvres n’appartenant pas à la communauté chrétienne (Actes 2.45 ; 4.32 ; 6.1-6 ; 11.27-30 ; 24.17 ; 1 Corinthiens 16.1-3 ; Galates 2.10 ; 1 Thessaloniciens 3.6).
L’humilité doit caractériser les riches aussi bien que les pauvres (Matthieu 5.3). Il est expressément recommandé de ne jamais faire acception de personnes, et de ne pas mépriser les pauvres « que Dieu a choisis pour qu’ils soient riches en la foi, et héritier du royaume » (Jacques 2.1-5). Certes il ne suffit pas d’être pauvre pour parvenir au salut ; mais il est plus facile de l’accepter lorsqu’on n’est pas attaché à d’abondantes richesses (Luc 18.24-27).